Enorhim est une île située sous des latitudes peu clémentes en terme de climat. Si ce dernier est doux, la température descendant rarement en dessous de zéro degrés dans les plaines l’hiver et montant difficilement au dessus des vingt degrés l’été, l’île est quasiment constamment couverte d’un ciel tantôt chargé de couches de nuages gris, tantôt de gros cumulus blancs, et parfois de menaçants nuages noirs qui obscurcissent l’atmosphère au point que même les créatures craignant la lueur du jour osent s’aventurer hors de leurs tanières.
Les enorhiens ont coutume de dire qu’il fait beau plusieurs fois par jour en été, et plusieurs fois par semaine en hiver. La pluie s’abat souvent sur les terres de l’île, la plupart du temps sous forme d’un fin crachin que ses habitants ont appris depuis bien longtemps à ignorer. Parfois, lors des printemps et des automnes, cette fine pluie se transforme en déluge pouvant provoquer des inondations le long des lacs et des rivières. En hiver, le long des côtes et parfois jusqu’à l’intérieur des terres, il arrive que des vents tempétueux et des orages violents sévissent, empêchant parfois les navires marchands d’approcher pendant plusieurs semaines. Le reste de l’année, la mer est plus calme et les tempêtes n’apparaissent que de manière beaucoup plus épisodique.
Ce
climat humide et doux permet aux herbes et buissons des grandes
plaines et des collines de s’épanouir pendant la majeure partie de
l’année, donnant son surnom d’île Verdoyante à Enorhim.
Les
paysages de prairies aux quarante nuances de vert sont rarement
perturbés par la présence de forêts. On y trouve quelques bois de
quelques dizaines d’ares disséminés ici et là à travers toute
l’île, résultat d’un défrichage incontrôlé commencé dès
l’arrivée des premiers hommes dans le but d’étendre les
pâturages pour les troupeaux. Il reste quelques forêts millénaires
de feuillus dans la partie Sud Ouest d’Enorhim et les monts
couvrant le Sud Est sont recouverts de conifères.
L’île a d’ailleurs une topographie assez vallonnée. Des massifs montagneux atteignant difficilement les 1000 mètres d’altitude et des collines disséminés sur son pourtour entourent de grands lacs et de rares plaines fertiles. A l’Ouest, la côte s’élève en falaises qui culminent à plusieurs centaines de mètres au dessus du niveau de la mer et forment parfois des fjords ou des plateaux karstiques désertiques. A l’Est, la côte est douce et faite de plages avec à sa pointe Sud Est de grandes dunes de sables qui s’étendent sur plusieurs lieues.
L’eau douce est aussi très présente, des lacs de toute tailles et des rivières constellent l’île Verdoyante qui se trouve même séparée en deux en son centre par son plus long fleuve, le Sinnead, qui prend sa source dans une montagne au Nord de l’île, traverse deux grands lacs et se jette dans une baie au Sud Ouest. Il existe aussi de nombreux milieux humides et en particulier de grandes tourbières qui recouvrent une grande partie des terres du centre-ouest, ainsi qu’un marais tout au Sud.
Les Royaumes d’Enorhim
Depuis l’arrivée des premiers hommes, le paysage politique a été maintes fois bouleversé. A l’origine se trouvait un Haut-Roi ou une Haute-Reine, le ou la Ardri en langue kelde, qui détenait le pouvoir suprême et avait sous sa coupe tous les habitants de l’île. Au fil du temps, son pouvoir s’estompa et se limita à quelques terres autour d’une ville devenue sacrée : Cori. La société enorhienne et le pouvoir politique d’antan se divisèrent alors en 4 royaumes provinciaux : le Laghan à l’Est, le Mhumain au Sud, le Keldtacht à l’Ouest et le Tirlad au Nord. Ces entités ont perduré à travers les âges, les Rois et les Reines voyant leur pouvoir et leur influence fluctuer au fil du temps au profit de centaines de chef et de cheftaines de clans qui guerroyaient les uns contre les autres pour des questions de territoire ou de bétail.
Au moment où cette histoire commence, les choses n’ont guère changé. Bien qu’il y ait eu un Anardri (ou Très Haut-Roi) légendaire et un Ardri héroïque dans une période récente, l’île est toujours divisée en ces 4 Royaumes provinciaux et l’Ardri actuel n’a qu’un pouvoir honorifique.
Il ne reste par contre plus que quelques dizaines de clans, les autres ayant disparu au profit de leurs concurrents ou d’envahisseurs plus récents : des villes fortifiées quasi-indépendantes ont vu le jour, le clergé possède des terres et des seigneurs féodaux ont conquis une partie de l’île. Cette partie où le pouvoir revient en réalité à une monarque étrangère régnant sur l’île voisine constitue une zone connue sous le nom de Palas, sorte de cinquième royaume fantôme qui empiète sur le Laghan et le Mhumain et où la tradition politique diffère légèrement du reste de l’île à cause de cette influence étrangère.