Les keldes
Premiers Hommes à avoir posé le pied sur l’île il y a plus de 1500 ans lors de ce qu’ils appellent La Conquête, ils se considèrent comme les seuls véritables énorhiens. Leur société est organisée autour du clan, que l’on appelle Tuatha en langue kelde. Menés par un chef ou une cheftaine, tous les membres d’un clan se vantent d’avoir en commun un même ancêtre glorieux qui lui a donné son nom. Lorsque le meneur ou la meneuse du clan trépasse, son pouvoir échoue à un ou une taniste, qui a été préalablement élu par les autres membres du clan lors de l’accession au pouvoir de son prédécesseur.
Les keldes ont un grand sens de l’honneur, de la loyauté et de l’hospitalité, et leurs lois sont basées sur ces principes. Ils continuent de s’échanger des services et de troquer des marchandises malgré l’existence depuis l’arrivée des danes d’un système économique basé sur la valeur de l’argent. Si les premiers keldes vénéraient des dieux anciens et la nature via la sagesse et la connaissance des druides, ils sont désormais de fidèles croyants de l’Unique, de l’Archange et de la religion qui en découle : l’Archangéisme. Les anciens druides ont ainsi quasiment complètement disparu et les rares individus restants n’ont aucune influence sur la vie des clans. A la place, les moines et les moniales sont écoutés pour leurs conseils, leur sagesse, leur savoir, leur relation avec le monde spirituel et les soins qu’ils prodiguent. En revanche, les filis, bardes itinérants colporteurs de la culture musicale et de l’Histoire kelde en Enorhim, ont conservé à travers les âges une place importante dans la société clanique. De même, l’aristocratie clanique a maintenu la tradition du Fianna : en attendant d’hériter des prérogatives et des terres de leurs parents, les jeunes gens rejoignent un Fianna, troupe militaire indépendante qui parcourt l’île et vend ses services et sa loyauté au chef et cheftaines les plus généreux.
La culture kelde est réputée à travers le monde entier, elle est caractérisée par la maîtrise des entrelacs qui viennent orner aussi bien les tombes que les bijoux ou les boucliers des guerriers, par l’utilisation outrancière du vert et de symboles précis comme le trèfle à trois feuilles, par le port de kilts et de tartans, par l’utilisation en musique de harpes et de cornemuses, que l’on appelle piobai uillean, pour danser des gigues acrobatiques, et par un goût prononcé pour la bière brune, le whiskey, les pommes de terre et le ragoût de mouton.
Les danes
Premiers envahisseurs de l’île après sa Conquête par les keldes. Attirés tout d’abord par les richesses à piller dans les monastères, ils ont terrorisé les habitants le long des côtes et sont remontés à l’intérieur des terres via les fleuves et les rivières grâce à leurs navires de guerre. Puis, de pilleurs ils sont passés à conquérants et ont commencé à s’installer sur le pourtour de l’île, fondant les premières villes fortifiées. Ces centres urbains sont devenus de grands ports de commerce toujours en activité au commencement de cette histoire et le point de départ d’une colonisation de l’île qui fut cependant stoppée net par l’unification de tous les keldes sous la bannière du Ardri héroïque Brian Le Grand. Les chefs de guerre furent rejetés à la mer mais certains danes maintinrent leur position en tant que familles marchandes.
Elles ont introduit sur l’île un système économique basé sur la valeur de l’or et de l’argent et ont prospéré jusqu’à avoir le monopole commercial en Enorhim. Certaines villes sont toujours gérées par des danes, certaines même sont indépendantes au sein des royaumes provinciaux. Bien qu’au fil des années les danes se soient intégrés au mode de vie kelde, il subsiste de vieilles traditions qui n’ont cours qu’au sein de ces grandes familles. On y trouve ainsi encore des devins, des scaldes ou même des gardes du corps qui se font appeler « Berserk ». On y raconte encore les légendes de leurs anciens dieux, plus par tradition que par conviction religieuse puisque les danes se sont convertis à l’Archangéisme, et on y pratique un art légèrement différent influencé par l’écriture runique de leurs ancêtres. L’accoutrement de ces danes d’Enorhim se différencie de celui des keldes par le port quasi-systématique de fourrures plus ou moins onéreuses mais, sans cette excentricité vestimentaire, il est impossible de faire la différence entre un kelde ou un dane, et les deux peuples cohabitent désormais pacifiquement dans la plupart des endroits où ils sont installés.
Les havrésiens
Seconds grands envahisseurs d’Enorhim, derniers arrivés, ils sont originaires de l’île voisine nommée Ylanthar. Leur débarquement sur l’île Verdoyante est le résultat d’une alliance entre une cheftaine kelde et un Duc havrésien qui envoya des troupes militaires et des chevaliers en échange de quelques terres. L’alliance fut malheureuse pour Enorhim car elle se termina par un mariage qui plaça la couronne du Laghan dans l’héritage de ce Duc havrésien. A partir de là, les seigneurs féodaux qui avaient acquis quelques terres dans le Sud-est de l’île cherchèrent à élargir leur influence et leur pouvoir. En très peu de temps, grâce à leur maîtrise de l’art de la guerre et de techniques inconnues des keldes (la forge d’armure de plaques, de harnois, et l’utilisation de la cavalerie sur les champs de batailles), les havrésiens réduisirent la majorité des clans du Laghan à l’état de servage.
Mais cette conquête ne fut pas que militaire et, pour éviter de se faire repousser comme l’avaient été les danes avant eux, les seigneurs havrésiens pérennisèrent leur position via mariages et vassalisations, mais également en intégrant le mode de vie des keldes, leur culture, leur langue, etc. Ils gardent néanmoins quelques particularités. Ainsi les seigneurs havrésiens vivent dans des maisons fortifiées, que l’on appelle des turdis, entretiennent des sujets en échange de services, comme les Sir et les Dames Chevaliers ou les courtisans et courtisanes, et ils ont dans leurs habitudes vestimentaires une préférence pour la couleur en général et pas uniquement pour le vert. Ils sont également amateurs d’une certaine forme de raffinement, aussi bien dans leur comportement que dans leurs principes qui trouvent leurs racines principalement dans les commandements du culte Archangéiste. Au sein des cours de ces seigneurs, ce raffinement se manifeste notamment par un goût prononcé pour l’art du fin’amor.
Au moment où commence cette histoire, keldes et havrésiens sont parvenus à se tolérer et à vivre en paix. Même si de rares havrésiens aventuriers ont réussi à s’approprier des terres ailleurs en Enorhim, la majorité des seigneurs havrésiens se trouve toujours dans le Laghan et ils sont les sujets du Roi du Laghan mais également de la Reine Victoria d’Alegdrish qui règne en Ylanthar.
Les skatish
Peuple minoritaire d’Enorhim qui clame être arrivé sur l’île en même temps que les premiers keldes, ce sont des voyageurs, des nomades, qui vivent et se déplacent en petites cellules composées de quelques familles qui logent dans des roulottes colorées tirées par d’énormes chevaux appelés Tinkers. Leur sens de la famille est sans égal sur l’île et pour eux la parole donnée est sacrée. Ces communautés itinérantes n’ont pas de chef, les décisions se prennent lors de veillés où tous les membres discutent de leurs problèmes. Vivant en marge des bourgs d’Enorhim, ils gagnent leur pain quotidien grâce à un artisanat de qualité, en particulier dans la coutellerie, et leurs connaissances en élevage, surtout des chiens et des chevaux. Ils font également de très bons mercenaires et hommes de main.
Leur langue natale est le kelde mais leur culture est légèrement différente de celle des clans, principalement dans leurs habitudes vestimentaires : ne portant pas de couleurs spécifiques pour signifier leur appartenance à un clan ou un autre, ils se permettent plus d’excentricité et n’hésitent pas à mélanger formes, motifs et couleurs variées. Les skatish n’ont rien d’un peuple fermé : archangéistes eux-aussi, ils accueillent volontiers auprès d’eux ceux qui ont été bannis et qui se retrouvent sans foyer. Toutes ces spécificités font que les skatish ne sont guère appréciés par le reste de la société d’Enorhim, aussi bien auprès des clans keldes, que des seigneurs havrésiens ou des familles danes.
On les considère comme des marginaux et même souvent comme des criminels. Lorsqu’un délit est commis dans un bourg et qu’une communauté skatish campe non loin de là, on la tiendra souvent comme responsable. Les skatish traînent bien malgré eux une mauvaise réputation avec laquelle ils ont appris à faire avec, et parfois même à en jouer.
La société enorhienne
Les habitants d’Enorhim se divisent en plusieurs catégories selon la structure et l’autorité à laquelle ils sont rattachés :
– Au sein des clans keldes : vivant sous l’autorité d’un chef ou d’une cheftaine, les hommes et les femmes portent tous le nom du clan, à l’exception des étrangers et des parias, et sont considérés comme libres, obéissant tous aux mêmes lois, même si une certaine aristocratie existe avec un peu plus de privilèges que les autres.
– Sous administration dane : les familles danes sont pour certaines d’entre-elles à la tête de grandes cités indépendantes. Les habitants de ces centres urbains sont en majorité composés de descendants de danes (qui portent alors des noms dérivés de la famille dirigeante) ou de keldes (qui ne portent plus de nom car plus rattachés à un clan). En minorité on peut également y trouver des étrangers venant du Continent, d’Ylanthar ou d’ailleurs. Ces hommes et ces femmes sont considérés comme libres au sein de la cité et, du paysan au marchand, ils vivent en tant que tels et obéissent aux lois dictées par la charte de la ville, fixée par la famille dane à sa tête et validée par le Roi de la province si la cité n’est pas indépendante. Généralement, il existe en ville une certaine bourgeoisie directement rattachée à la famille dane en place et qui contrôle les postes clefs et l’économie locale.
– Sujets de seigneurs havrésiens : les seigneurs havrésiens règnent sur des terres et les habitants qui vivent sur ces terres représentent leurs sujets. Il faut distinguer alors 4 classes différentes : la Haute-Noblesse qui regroupe les membres de la lignée directe de la famille du seigneur, la Petite Noblesse, qui regroupe les membres éloignés de la famille du seigneur et des hommes et des femmes à qui ont été donnés par le seigneur ou ses prédécesseurs des terres et/ou des privilèges (ils adoptent alors le nom de leur seigneur en signe de loyauté, tradition qui s’est imposée pour mimer la tradition du nom de clan chez les keldes), les hommes et les femmes libres, qui sont soumis à des taxes en échange de cette liberté, et les serfs qui appartiennent et servent le seigneur qui est le seul à pouvoir en posséder. Si généralement la Haute et la Petite Noblesse sont composés d’havrésiens, les hommes et les femmes libres ainsi que les serfs sont pour la majorité des keldes sans nom dont le clan a disparu avec l’arrivée des premiers havrésiens sur l’île.
En dehors de cette répartition, les hommes et les femmes du clergé sont à part et obéissent à une toute autre hiérarchie. Bien entendu les skatish sont eux aussi en dehors de ces grands ensembles de population.